La Gazette du GAM
N° 128 - mars 2023

GRADUS AD MUSICAM


Durufle1
 

L

e Requiem com­po­sé par Maurice Duruflé est considéré comme un chef-d'œuvre de la musique chorale du XX° siècle et figure aujourd'hui  parmi les dix œuvres de musique sacrée les plus chantées au monde. La musique de Duruflé est fondée sur des thè­mes gré­goriens et rappelle autant Fauré pour la beauté des mélodies que Debussy et Ravel pour la richesse du lan­ga­ge har­mo­ni­que. La version in­ter­pré­tée sera celle de 1961, pour chœur, orchestre réduit et orgue.

Avec Métamorphoses, œuvre pour chœur et vio­lon­celle, Philippe Hersant témoigne d'une expérience dé­ter­minante : sa ren­con­tre avec des détenus de la prison de Clairvaux. L'œu­vre fut ins­pi­rée par les mots et les poèmes de ces pri­son­niers­, jaillis des ateliers d'écriture du pénitencier.
Philippe Hersant fut nommé com­po­si­teur de l'année 2016 aux Victoires de la Musique. Né en 1948, il est l’un des com­posi­teurs français ac­tuels  les plus joués dans le monde ; il a tra­cé une rou­te sin­gu­lière entre mo­der­ni­té et hom­ma­ge à la musique ancienne.

 
rosace-christ_chartres
 

 Eglise Saint-Michel, Caen

Ensemble Vocal & Orchestre de Chambre GRADUS AD MUSICAM

Direction François LEGÉE


Samedi 25 mars à 20h
Eglise Saint-Pie-X
Essey-lès-Nancy

 
Maurice Duruflé
 

Tarifs (hors frais de location) :

  • 22 €
  • 17 € (réduit*)
  • 6 € (lycéens/étudiants moins de 26 ans)
  • gratuit en dessous de 16 ans

  • *Chômeurs et groupes + de 10 personnes

Billetterie à l'entrée du concert



Renseignements :

Gradus Ad Musicam

Mél. : gam@gradus-ad-musicam.com
Tél. : 03 83 21 09 19



Réservations :

Billetweb

rosaces
 

Le requiem, messe des morts & des endeuillés

Résurrection des morts - Paris, musée de Cluny

 

L

e Requiem, autrement appelé Messe des Morts – en latin Missa pro defunctis - est une messe de fu­né­rail­les dont la fonction liturgique consiste à accom­pa­gner l’âme du défunt au-delà de la mort. Cette dénomination provient du premier mot de la messe : Requiem aeter­nam dona eis, Domine (Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel). C'est donc une musique funèbre, une prière pour les âmes des trépassés, une consolation pour les endeuillés. C'est aussi une façon pour les survivants de conjurer les flammes ef­froya­bles de l'enfer et les abjectes sen­ti­nes de la géhenne.

rosace-christ, Chartres

Le Requiem est calqué sur ce qu'on appelle l’ordinaire de la messe traditionnelle grégorienne (Introït, Kyrie, Gloria, Credo, Sanctus, Agnus Dei), mais les parties festives du Gloria et la profession de foi du Credo sont rem­pla­cées et com­plé­tées par des morceaux propres à susciter la crainte de l'enfer (Dies Irae), la douleur (La­cri­mosa) et l'espérance du paradis (Libera me, In paradisum). Résurrection des morts Le requiem apparaît avec le chant grégorien qui se répand à travers l’Europe lors du premier millénaire. Il est alors monophonique, c’est-à-dire que plusieurs voix chantent à l’unisson. À la Renaissance, le requiem est tou­jours chanté a cappella mais devient polyphonique : plusieurs mélodies sont alors chantées en même temps. Ce n'est toutefois que vers le XVI° siècle que la messe de requiem s'est uniformisée.



De très nombreux compositeurs ont écrit des requiems. Parmi les plus célèbres figurent ceux de Jean Gilles (1668-1705), André Campra (1660-1744), Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791), Hector Berlioz (1803-1869), Johannes Brahms (1833-1897), Giuseppe Verdi (1813-1901), Gabriel Fauré (1865-1924), Maurice Duruflé (1902-1986). 


Le requiem de Gilles fut exécuté fréquemment tout au long du XVIII° siècle, notamment aux funérailles du roi Louis XV en 1774. Résurrection des morts - Paris, musée de ClunyQuant à celui de Mozart, il est de­ve­nu l'archétype du Requiem et c'est aujourd'hui l'une des œuvres les plus jouées dans le monde, comme d'ailleurs le Requiem de Fauré, lui aussi emblématique d'un genre musical uni­ver­sel­lement apprécié, indépen­dam­ment des sentiments religieux de chacun.


Le Requiem de Duruflé

cathédrale Saint-Louis - Blois

M

aurice Duruflé offre une bonne illus­tra­tion des che­mins inat­ten­dus que peut pren­dre la créa­tion musi­cale : ce com­po­si­teur du XX° siè­cle emploie la plu­part du temps des thè­mes gré­go­riens, qui remon­tent donc au haut Moyen Âge, et son ima­gi­na­tion a réussi à élaborer à par­tir de ce maté­riau très ancien une œuvre ori­gi­nale appré­ciée dans le monde entier.

L’œuvre se décline en trois versions possibles. Celle de 1947, avec grand orchestre, est suivie immédiatement d’une version avec accompagnement d’orgue seul. Une version pour orchestre réduit et orgue suivra en 1961.


Maurice DurufléFasciné par la beauté de la Messe des Morts grégorienne, Du­ru­flé tisse des liens unifiant passé et présent, puisant dans les sources im­mé­mo­riales de la musique occi­den­ta­le pour re­nou­ve­ler cet héritage avec un langage personnel immédiatement identifiable. Duruflé réalise ce travail de réappropriation des sources de façon magistrale en restituant toute la souplesse et la liberté de la déclamation grégorienne avec un instinct infaillible de l’har­mo­nie. Son langage est riche, émaillé d’accords raffinés, magnifiant la dissonance « élé­gan­te » et la couleur des harmonies. Une simple altération éclaire le « Luceat eis » de l’Introït pour appréhender le sentiment d’Éternité. Duruflé parle de l’art des modulations comme de « la porte du Temple où commence le mystère in­son­da­ble de la musique… »

C’est donc bien un maître coloriste qui s’exprime dans ces harmonies, mais celles-ci n’auraient pas le rayonnement voulu si elles n'étaient associées à la maîtrise du contrepoint. On peut citer par exemple le Kyrie, où l’architecture musicale se développe en une sai­sis­sante fugue, avec la force évo­ca­tri­ce des grandes pages de Johann Sebastian Bach.

Conciergerie, Paris

Les Requiem de Fauré (1888) et de Duruflé sont souvent rapprochés ; les deux œuvres sont toutefois fort différentes. D'une part, Duruflé adopte un langage harmonique nouveau, modal, alors que Fauré reste pro­fon­dé­ment tonal, avec quelques co­lo­ra­tions issues de la modalité. D'autre part, quand Fauré, agnostique avoué, évoque une « berceuse de la mort », Duruflé écrit que son Requiem « n’est pas un ouvrage éthéré qui chante le détachement des soucis terrestres. Il reflète, dans la forme immuable de la prière chrétienne, l’angoisse de l’homme devant le mystère de sa fin dernière. »

Source: Académie des Beaux-Arts

 
Rosaces
 

Maurice Duruflé
(1902-1986)

Orgue NDParis

L

a vie de Maurice Duruflé se confond avec son acti­vité musi­cale d’orga­niste (à Saint-Étienne-du-Mont depuis 1930, en solo ou avec son épouse Marie-Madeleine), et de com­po­si­teur.
Né en 1902 à Louviers, près de Rouen, il étudie l’orgue et le piano d’abord. Il com­plète ensuite sa for­ma­tion à Paris, pour l’orgue avec Eugène Gigout et Charles Tournemire, et pour la com­po­si­tion au Con­ser­va­toire de Paris, où il est mar­qué par l’ensei­gne­ment de Paul Dukas. Il devient en 1927 assis­tant de Louis Vierne à l’orgue de Notre-Dame de Paris.

Il est dès cette époque fas­ciné par le chant gré­go­rien, dont les moi­nes de Solesmes res­sus­ci­tent alors l’inter­pré­ta­tion. D’autres grands orga­nis­tes avant lui y puisèrent leur ins­pi­ra­tion, mais Maurice Duruflé est sans doute celui qui s'en est le plus impré­gné.


Conciergerie, Paris
 

Son cata­lo­gue ne com­prend que qua­torze opus, mais tous d’une grande den­sité et très tra­vaillés dans le détail. Il a, bien sûr, com­posé pour l’orgue (Suite op. 5, en 1933), pour l’orches­tre (Trois dan­ses op. 6, en 1938 ; Andante et scherzo, en 1951) et pour chœur a cap­pella (Quatre Motets op. 10, en 1960 ; Notre père, op. 14, en 1876) ; la Messe cum jubilo op. 11, en 1966, est écrite pour bary­ton solo et chœur de bary­tons à l’unis­son accom­pa­gnés par l’orgue et, éventuellement, par l’orches­tre. Et, bien sûr, son fameux Requiem, opus 9, achevé en 1947.

Duruflé a exercé une influence im­por­tan­te sur la musique chorale du XX° siècle et ses com­po­si­tions fi­gu­rent parmi les œuvres les plus belles et les plus intemporelles du genre. Il est décédé en 1986 à l'âge de 84 ans.

 

Métamorphoses

 
Abbaye de Clairvaux

 

T

out commence par une simple commande d’Anne-Marie Sallé, directrice du festival « Ombres et Lumières » de Clairvaux. Une situation ba­na­le ? Pas vraiment, car le cahier des charges ne l’est pas : Philippe Hersant devra mettre en musique des poèmes de prisonniers incarcérés à la Centrale de Clairvaux, où ils purgent des peines de longue durée. 

Philippe Hersant : « Qu’ils décrivent leur univers carcéral sans espoir, ou qu’ils tentent de s’en évader par le rêve, les dé­te­nus ont tous écrit, à mon sens, des textes forts. Aucun ne m’a laissé indifférent. Pour les mettre en musique, j’ai essayé de trouver une expression directe et immédiate, d’atteindre à une sorte de simplicité concise, sans fioritures ni digressions ». 

Naissent ainsi, au fil des ans, trois recueils de pièces chorales avec quelques ins­tru­ments, venant enrichir le catalogue d'Hersant, dans un genre avec lequel il est en « affinités électives » depuis toujours. Instants limites en 2012, Métamorphoses l’année suivante, puis Kitoo en 2014 – recueils tous créés à Clairvaux. 

Avec la droiture et la modestie qui le caractérisent, Hersant déclare : « Je con­si­dère mon expérience à Clairvaux comme l’une des plus fortes et des plus dé­ter­minan­tes de ma vie de compositeur ».



Source: ConcertClassic.com
Abbaye de Clairvaux
Pour ses Métamorphoses, Philippe Hersant utilise pour la seconde fois les textes des détenus de la prison centrale de Clairvaux. Au cours des ateliers d’écriture menés par Anne-Marie Sallé, ils ont écrit des poèmes sur la Métamorphose, thème choisi comme fil conducteur, avec en exergue, une phrase d’Octavio Paz : « Toute œuvre d’art est une possibilité permanente de métamorphose offerte à tous les hommes ».
CelloPainting by Matthew SheekPhilippe Hersant : « Tout en respectant la sensibilité de chacun, j’ai voulu donner à ces "Métamorphoses" une forme unifiée : les poèmes s’enchaînent sans interruption, comme un cycle de variations. Ils sont unis à la fois par la présence d’un petit motif musical en perpétuelle métamorphose et par la présence du violoncelle, personnage à part entière qui assume le rôle de fil conducteur ».

Véritable spécialiste de l’écriture d’œuvres pour instruments solistes et chœur, Hersant livre ici une partition pleine d’harmonies douces-amères, fort audacieuse et dénuée de tout pathos, en forme de soleils mouillés. Tout l’univers du compositeur se trouve ici concentré, jusqu’au « violoncelle-viole de gambe » de la cinquième des sept miniatures qui composent l’œuvre. La liberté contre l'en­fer­me­ment, le jour contre la nuit...

 

Philippe Hersant

Philippe Hersant

P

hilippe Hersant est né à Rome en 1948, il vit et travaille à Paris.
Après ses études musicales au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris où il a été l’élève en com­po­si­tion d’André Jolivet, il a été boursier de la Casa de Velasquez à Madrid de 1970 à 1972 puis de la Villa Médicis à Rome de 1978 à 1980.

Philippe Hersant a composé près de deux cents œuvres pour des formations très diverses : chœur, orchestre, musique instrumentale soliste, musique de chambre, des opéras - Le Château des Carpathes (commande de Radio France), Le Moine noir (commande de l’Opéra de Leipzig), une musique de ballet pour l’Opéra de Paris, Wuthering Heights (Les Hauts de Hurlevent, 2002) sur une chorégraphie Kader Belarbi, des Vêpres de la Vierge commandées par Notre-Dame de Paris pour le 850ème anniversaire de la cathédrale, un opéra choral, Tristia, commandé par Teodor Currentzis et l’Opéra de Perm en Russie avec des reprises à Vienne, Berlin, Ham­bourg, Moscou, Saint-Pétersbourg, Baden-Baden, Athènes, Lucerne.
Plus récemment, Philippe Hersant a dévoilé son nouvel opéra Les Éclairs (sur un livret de Jean Echenoz), à l’Opéra-Comique en novembre 2021.

Il a été compositeur invité du Festival Ombres et Lumières de Clairvaux (2011-2016). Ses actions auprès des détenus de la Centrale de Clairvaux ont donné naissance à plusieurs œuvres chorales (Instants limites, Métamorphoses, Kitoo, Résurrection).

Philippe-HersantLargement reconnu dans le monde musical, il s’est vu décerner de nombreuses dis­tinc­tions : Grand Prix musical de la Ville de Paris, Grand Prix SACEM de la musique symphonique, Grand Prix de la Fondation Del Duca, Grand Prix Lycéen des Compositeurs, Prix Musique décerné par la SACD, trois Victoires de la Musique Classique …Il a été compositeur en résidence auprès de l’Orchestre National de Lyon (1998-2000), de l’Orchestre National des Pays de la Loire (2007-2009), de l’Orchestre de Bretagne (2008-2010), du Festival des Forêts (2015-2018), du Festival de Besançon et de la Cité de la Voix à Vézelay (2016-2018), du Festival Aspects des Musiques d’aujourd’hui à Caen (2017).

Entre 2006 et 2017, il a effectué trois mandats d’administrateur de la SACD, où il a présidé la commission Musique à trois reprises. Il est membre des conseils d’admi­nis­tra­tion de l’Ensemble vocal Aedes, de la Compagnie La Tempête et de l’Or­ches­tre de Chambre de Paris. Il est président de l’Association Jeunes Talents, reconnue d’utilité publique, et président du jury Musique de la Fondation d’Entreprise Banque Populaire.

Il est Commandeur des Arts et Lettres.



 Site Internet de Philippe Hersant

 

SAISON 2022-2023


W. A. MOZART

Requiem

Dimanche 20 novembre 2022 à 17h - Salle Poirel, Nancy

L. van BEETHOVEN

Concerto n°4 pour piano

Robert SCHUMANN

Concerto pour violoncelle

Max BRUCH

Romance pour violon alto

Dimanche 5 février 2023 à 17h - Salle Poirel, Nancy

Maurice DURUFLÉ

Requiem

Philippe HERSANT

Métamorphoses

Samedi 25 mars 2023 à 20h -
Eglise Saint-Pie-X, Essey-lès-Nancy

Hector BERLIOZ

Cantate Herminie

Antonín DVOŘÁK

Sérénade pour cordes

Samedi 3 juin 2023 à 20h - Salle Poirel, Nancy

 


Hors Abonnement

 

Symphopop

La chanson fait sa symphonie

Samedi 8 octobre 2022 à 20h30 - Arènes de Metz

Joseph HAYDN

La Création
(version chœur, piano et vents)

Dimanche 15 janvier 2023 à 16h - Centre culturel,   Remiremont

Rock symphonique

Anthony Laguerre / G.W. Sok


Orchestre Gradus Ad Musicam

Dimanche 12 mars 2023 à 17h - Salle Poirel, Nancy

Maurice DURUFLÉ

Requiem

avec la participation des collégiens du collège de la Craffe
et des lycéens de Poincaré (classes musicales)

Vendredi 5 mai 2023 à 20h - Salle Bernie BONVOISIN, Vandœuvre-lès-Nancy