L
e Requiem composé par Maurice Duruflé est considéré comme un chef-d'œuvre de la musique chorale du XX° siècle et figure aujourd'hui parmi les dix œuvres de musique sacrée les plus chantées au monde. La musique de Duruflé est fondée sur des thèmes grégoriens et rappelle autant Fauré pour la beauté des mélodies que Debussy et Ravel pour la richesse du langage harmonique. La version interprétée sera celle de 1961, pour chœur, orchestre réduit et orgue.
Avec Métamorphoses, œuvre pour chœur et violoncelle, Philippe Hersant témoigne d'une expérience déterminante : sa rencontre avec des détenus de la prison de Clairvaux. L'œuvre fut inspirée par les mots et les poèmes de ces prisonniers, jaillis des ateliers d'écriture du pénitencier.
Philippe Hersant fut nommé compositeur de l'année 2016 aux Victoires de la Musique. Né en 1948, il est l’un des compositeurs français actuels les plus joués dans le monde ; il a tracé une route singulière entre modernité et hommage à la musique ancienne.
Ensemble Vocal & Orchestre de Chambre GRADUS AD MUSICAM
Direction
François LEGÉE

Samedi 25 mars à 20h
Eglise Saint-Pie-X Essey-lès-Nancy
Tarifs (hors frais de location) :
- 22 €
- 17 € (réduit*)
- 6 €
(lycéens/étudiants moins de 26 ans)
- gratuit en dessous de 16 ans
*Chômeurs et groupes + de 10 personnes
Billetterie à l'entrée du concert
Renseignements : Gradus Ad MusicamMél. : gam@gradus-ad-musicam.com Tél. : 03 83 21 09 19
Réservations : Billetweb
Le requiem, messe des morts
& des endeuillés
L
e Requiem, autrement appelé Messe des Morts – en latin Missa pro defunctis - est une messe de funérailles dont la fonction liturgique consiste à accompagner l’âme du défunt au-delà de la mort. Cette dénomination provient du premier mot de la messe : Requiem aeternam dona eis, Domine (Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel). C'est donc une musique funèbre, une prière pour les âmes des trépassés, une consolation pour les endeuillés. C'est aussi une façon pour les survivants de conjurer les flammes effroyables de l'enfer et les abjectes sentines de la géhenne.
Le Requiem est calqué sur ce qu'on appelle l’ordinaire de la messe traditionnelle grégorienne (Introït, Kyrie, Gloria, Credo, Sanctus, Agnus Dei), mais les parties festives du Gloria et la profession de foi du Credo sont remplacées et complétées par des morceaux propres à susciter la crainte de l'enfer (Dies Irae), la douleur (Lacrimosa) et l'espérance du paradis (Libera me, In paradisum). Le requiem apparaît avec le chant grégorien qui se répand à travers l’Europe lors du premier millénaire. Il est alors monophonique, c’est-à-dire que plusieurs voix chantent à l’unisson. À la Renaissance, le requiem est toujours chanté a cappella mais devient polyphonique : plusieurs mélodies sont alors chantées en même temps. Ce n'est toutefois que vers le XVI° siècle que la messe de requiem s'est uniformisée.
De très nombreux compositeurs ont écrit des requiems. Parmi les plus célèbres figurent ceux de Jean Gilles (1668-1705), André Campra
(1660-1744), Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791), Hector Berlioz (1803-1869), Johannes Brahms (1833-1897), Giuseppe Verdi (1813-1901), Gabriel Fauré (1865-1924), Maurice Duruflé (1902-1986). Le requiem de Gilles fut exécuté fréquemment tout au long du XVIII° siècle,
notamment aux funérailles du roi Louis XV en 1774. Quant à celui
de Mozart, il est devenu l'archétype du Requiem et c'est aujourd'hui
l'une des œuvres
les plus jouées
dans le monde, comme d'ailleurs le Requiem de Fauré, lui aussi emblématique
d'un genre musical universellement apprécié, indépendamment
des sentiments religieux de chacun.
Le Requiem de Duruflé 
M aurice Duruflé offre une bonne illustration des chemins inattendus que peut prendre la création musicale : ce compositeur du XX° siècle emploie la plupart du temps des thèmes grégoriens, qui remontent donc au haut Moyen Âge, et son imagination a réussi à élaborer à partir de ce matériau très ancien une œuvre originale appréciée dans le monde entier.
L’œuvre se décline en trois versions possibles. Celle de 1947, avec grand orchestre, est suivie immédiatement d’une version avec accompagnement d’orgue seul. Une version pour orchestre réduit et orgue suivra en 1961. Fasciné par la beauté de la Messe des Morts grégorienne, Duruflé tisse des liens unifiant passé et présent, puisant dans les sources immémoriales de la musique occidentale pour renouveler cet héritage avec un langage personnel immédiatement identifiable. Duruflé réalise ce travail de réappropriation des sources de façon magistrale en restituant toute la souplesse et la liberté de la déclamation grégorienne avec un instinct infaillible de l’harmonie. Son langage est riche, émaillé d’accords raffinés, magnifiant la dissonance « élégante » et la couleur des harmonies. Une simple altération éclaire le « Luceat eis » de l’Introït pour appréhender le sentiment d’Éternité. Duruflé parle de l’art des modulations comme de « la porte du Temple où commence le mystère insondable de la musique… »
C’est donc bien un maître coloriste qui s’exprime dans ces harmonies, mais celles-ci n’auraient pas le rayonnement voulu si elles n'étaient associées à la maîtrise du contrepoint. On peut citer par exemple le Kyrie, où l’architecture musicale se développe en une saisissante fugue, avec la force évocatrice des grandes pages de Johann Sebastian Bach.

Les Requiem de Fauré (1888) et de Duruflé sont souvent rapprochés ; les deux œuvres sont toutefois fort différentes. D'une part, Duruflé adopte un langage harmonique nouveau, modal, alors que Fauré reste profondément tonal, avec quelques colorations issues de la modalité. D'autre part, quand Fauré, agnostique avoué, évoque une « berceuse de la mort », Duruflé écrit que son Requiem « n’est pas un ouvrage éthéré qui chante le détachement des soucis terrestres. Il reflète, dans la forme immuable de la prière chrétienne, l’angoisse de l’homme devant le mystère de sa fin dernière. »
Source: Académie des Beaux-Arts
Maurice Duruflé (1902-1986)
L
a vie de Maurice Duruflé se confond avec son activité musicale d’organiste (à Saint-Étienne-du-Mont depuis 1930, en solo ou avec son épouse Marie-Madeleine), et de compositeur.
Né en 1902 à Louviers, près de Rouen, il étudie l’orgue et le piano d’abord. Il complète ensuite sa formation à Paris, pour l’orgue avec Eugène Gigout et Charles Tournemire, et pour la composition au Conservatoire de Paris, où il est marqué par l’enseignement de Paul Dukas. Il devient en 1927 assistant de Louis Vierne à l’orgue de Notre-Dame de Paris.
Il est dès cette époque fasciné par le chant grégorien, dont les moines de Solesmes ressuscitent alors l’interprétation. D’autres grands organistes avant lui y puisèrent leur inspiration, mais Maurice Duruflé est sans doute celui qui s'en est le plus imprégné.
Son catalogue ne comprend que quatorze opus, mais tous d’une grande densité et très travaillés dans le détail. Il a, bien sûr, composé pour l’orgue (Suite op. 5, en 1933), pour l’orchestre (Trois danses op. 6, en 1938 ; Andante et scherzo, en 1951) et pour chœur a cappella (Quatre Motets op. 10, en 1960 ; Notre père, op. 14, en 1876) ; la Messe cum jubilo op. 11, en 1966, est écrite pour baryton solo et chœur de barytons à l’unisson accompagnés par l’orgue et, éventuellement, par l’orchestre. Et, bien sûr, son fameux Requiem, opus 9, achevé en 1947.
Duruflé a exercé une influence importante sur la musique chorale du XX° siècle et ses compositions figurent parmi les œuvres les plus belles et les plus intemporelles du genre. Il est décédé en 1986 à l'âge de 84 ans.
Métamorphoses
T
out commence par une simple commande d’Anne-Marie Sallé, directrice du festival « Ombres et Lumières » de Clairvaux. Une situation banale ? Pas vraiment, car le cahier des charges ne l’est pas : Philippe Hersant devra mettre en musique des poèmes de prisonniers incarcérés à la Centrale de Clairvaux, où ils purgent des peines de longue durée. Philippe Hersant : « Qu’ils décrivent leur univers carcéral sans espoir, ou qu’ils tentent de s’en évader par le rêve, les détenus ont tous écrit, à mon sens, des textes forts. Aucun ne m’a laissé indifférent. Pour les mettre en musique, j’ai essayé de trouver une expression directe et immédiate, d’atteindre à une sorte de simplicité concise, sans fioritures ni digressions ». Naissent ainsi, au fil des ans, trois recueils de pièces chorales avec quelques instruments, venant enrichir le catalogue d'Hersant, dans un genre avec lequel il est en « affinités électives » depuis toujours. Instants limites en 2012, Métamorphoses l’année suivante, puis Kitoo en 2014 – recueils tous créés à Clairvaux. Avec la droiture et la modestie qui le caractérisent, Hersant déclare : « Je considère mon expérience à Clairvaux comme l’une des plus fortes et des plus déterminantes de ma vie de compositeur ».
Source: ConcertClassic.com

Pour ses Métamorphoses, Philippe Hersant utilise pour la seconde fois les textes des détenus de la prison centrale de Clairvaux. Au cours des ateliers d’écriture
menés par Anne-Marie Sallé, ils ont écrit des
poèmes sur la Métamorphose, thème choisi
comme fil conducteur, avec en exergue, une
phrase d’Octavio Paz : « Toute œuvre d’art est
une possibilité permanente de métamorphose
offerte à tous les hommes ».
Philippe Hersant : « Tout en
respectant la sensibilité de chacun, j’ai voulu
donner à ces "Métamorphoses" une forme unifiée : les poèmes s’enchaînent sans interruption,
comme un cycle de variations. Ils sont unis à la
fois par la présence d’un petit motif musical en
perpétuelle métamorphose et par la présence
du violoncelle, personnage à part entière qui
assume le rôle de fil conducteur ».
Véritable spécialiste de l’écriture d’œuvres pour instruments solistes et chœur, Hersant livre ici une partition pleine d’harmonies douces-amères, fort audacieuse et dénuée de tout pathos, en forme de soleils mouillés. Tout l’univers du compositeur se trouve ici concentré, jusqu’au « violoncelle-viole de gambe » de la cinquième des sept miniatures qui composent l’œuvre. La liberté contre l'enfermement, le jour contre la nuit...
Philippe Hersant

P
hilippe Hersant est né à Rome en 1948, il vit et travaille à Paris.
Après ses études musicales au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris où il a été l’élève en composition d’André Jolivet, il a été boursier de la Casa de Velasquez à Madrid de 1970 à 1972 puis de la Villa Médicis à Rome de 1978 à 1980.
Philippe Hersant a composé près de deux cents œuvres pour des formations très diverses : chœur, orchestre, musique instrumentale soliste, musique de chambre, des opéras - Le Château des Carpathes (commande de Radio France), Le Moine noir (commande de l’Opéra de Leipzig), une musique de ballet pour l’Opéra de Paris, Wuthering Heights (Les Hauts de Hurlevent, 2002) sur une chorégraphie Kader Belarbi, des Vêpres de la Vierge commandées par Notre-Dame de Paris pour le 850ème anniversaire de la cathédrale, un opéra choral, Tristia, commandé par Teodor Currentzis et l’Opéra de Perm en Russie avec des reprises à Vienne, Berlin, Hambourg, Moscou, Saint-Pétersbourg, Baden-Baden, Athènes, Lucerne.
Plus récemment, Philippe Hersant a dévoilé son nouvel opéra Les Éclairs (sur un livret de Jean Echenoz), à l’Opéra-Comique en novembre 2021.
Il a été compositeur invité du Festival Ombres et Lumières de Clairvaux (2011-2016). Ses actions auprès des détenus de la Centrale de Clairvaux ont donné naissance à plusieurs œuvres chorales (Instants limites, Métamorphoses, Kitoo, Résurrection).
Largement reconnu dans le monde musical, il s’est vu décerner de nombreuses distinctions : Grand Prix musical de la Ville de Paris, Grand Prix SACEM de la musique symphonique, Grand Prix de la Fondation Del Duca, Grand Prix Lycéen des Compositeurs, Prix Musique décerné par la SACD, trois Victoires de la Musique Classique …Il a été compositeur en résidence auprès de l’Orchestre National de Lyon (1998-2000), de l’Orchestre National des Pays de la Loire (2007-2009), de l’Orchestre de Bretagne (2008-2010), du Festival des Forêts (2015-2018), du Festival de Besançon et de la Cité de la Voix à Vézelay (2016-2018), du Festival Aspects des Musiques d’aujourd’hui à Caen (2017).
Entre 2006 et 2017, il a effectué trois mandats d’administrateur de la SACD, où il a présidé la commission Musique à trois reprises.
Il est membre des conseils d’administration de l’Ensemble vocal Aedes, de la Compagnie La Tempête et de l’Orchestre de Chambre de Paris.
Il est président de l’Association Jeunes Talents, reconnue d’utilité publique, et président du jury Musique de la Fondation d’Entreprise Banque Populaire.
Il est Commandeur des Arts et Lettres. Site Internet de Philippe Hersant
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