La Gazette du GAM |
En mémoire des déportés LE
VERFÜGBAR AUX ENFERS Opérette-revue de Germaine
Tillon
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L'œuvre a été créée au Théâtre du Châtelet (Paris) les 2 et 3 juin 2007 pour célébrer le centenaire de Germaine Tillion, qui était alors encore en vie (elle est morte en 2008)
Ensemble orchestral GRADUS AD MUSICAM & étudiants du CEFEDEM Mardi 19 mai 2015 à 20h30 Grands Salons de l'Hôtel de Ville, Place Stanislas, Nancy Entrée : 10€ (normal), gratuit - 16 ans
Ravensbrück
http://www.lemonde.fr/culture/article/2007/05/29/le-siecle-de-germaine-tillion_916287_3246.html
Dans « Ravensbrück », Germaine Tillon écrit :
Germaine TILLION
ermaine TILLION (1907-2008) est d’abord une ethnologue de premier plan, qui a étudié l’univers concentrationnaire, mais aussi la société coloniale et le sort des femmes en Algérie. Elle travaille comme ethnologue dans le sud algérien entre 1934 et 1940. Elle y effectue plusieurs missions, pour le CNRS entre autres, et étudie la tribu berbère des Chaouis. A peine rentrée à Paris en juin 40, elle assiste à la débâcle puis à l’armistice et oppose d’emblée un refus catégorique au discours de Pétain (17 juin 1940). Elle s’engage dans la Résistance. Arrêtée en août 42, elle est incarcérée puis déportée à Ravensbrück en octobre 1943, dans la catégorie NN (Nacht und Nebel = Nuit et Brouillard, groupe de prisonnières considérées comme dangereuses, devant rester à tout moment à la disposition de la Gestapo, qui pouvait recevoir l’ordre de les faire disparaître. Mesure de terreur imaginée par Hitler pour que la Résistance ne puisse honorer ses héros, perdus corps et biens). Elle est aussi dans la catégorie des « Verfügbar » : prisonnières sans affectation précise, de l’allemand verfügbar = disponible… pour des travaux occasionnels. C’était en général des rebelles qui avaient décidé de ne pas travailler pour l’ennemi. Non comptées dans l’effectif des commandos, équipes de travaux forcés, après l’appel du matin, les Verfügbar s’efforcent de se cacher pour échapper aux corvées. Se cacher au Revier, par exemple, infirmerie-mouroir. Germaine Tillion utilise ce temps : elle mobilise toutes ses connaissances et capacités pour comprendre et analyser le monde qui l’entoure. En mars 1944, elle fait une conférence clandestine pour quelques unes des déportées françaises ; elle leur parle de la préhistoire, des tribus algériennes rencontrées …et elle écrit « Le Verfügbar aux Enfers ». Cachée au fond d’une caisse d’emballage pendant que ses camarades de commando travaillent au déchargement des trains, elle enchaîne les vers de son opérette - revue. Grâce à ses camarades, début 1945, elle échappe à un transport vers le camp de Mathausen, où a été créée une chambre à gaz lorsque la politique d’extermination est devenue systématique. Fin avril 45, dans le cadre de négociations entre Himmler et la diplomatie suédoise, elle fait partie d’un groupe de prisonnières évacuées par la Croix Rouge suédoise. C’est une amie, Jacqueline d’Alincourt, qui sort en cachette le petit livre écrit à la main, avant de le remettre à Germaine Tillion.
Elle a poursuivi une vie d’étude et de combat. Elle est décédée en 2008.
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Le Verfügbar aux Enfers, une œuvre de Résistance
La résistance par l’information L’œuvre fourmille d’informations sur le camp : l’horreur des transports, l’extermination par les travaux forcés (terrassement, tri des vêtements…) et les déplorables conditions de vie (la faim, les maladies…), la résistance par le sabotage, les différents visages de la mort ( les transports noirs ou assassinats hors du camp, la piqûre définitive à l’infirmerie, les violences d’une détenue chef…) L’auteur révèle notamment l’inégalité de la société concentrationnaire et défilent différentes catégories de détenues : le misérable Verfügbar sous-prolétaire du camp parce qu’il refuse de travailler ; les Cartes roses prisonnières âgées ou infirmes, tricoteuses dispensées des travaux forcés, premier tri menant tôt au tard à la sélection ; les Julots, détenues « asociales » et brutales qui affichent leur homosexualité et en tirent profit ; les Blokova, chefs de block violentes et tyranniques qui avaient droit de vie et de mort sur les prisonnières… Claire Andrieu, professeur d’histoire contemporaine à l’Institut d’études politiques de Paris, estime que l’œuvre de Germaine Tillion s’inscrit pleinement dans une approche de l’histoire par le quotidien. Son regard d’ethnologue lui a permis de reconstituer l’univers concentrationnaire à travers une foule de petites notations. La Résistance par le rire et l’autodérision
« Notre sex-appeal Etait réputé… Aujourd’hui sa pile Est bien déchargée ». La langue riche en références classiques et littéraires se mêle à des propos évoquant le quotidien le plus trivial. Le titre de l’opérette annonce un pastiche de l’Orphée aux Enfers d’Offenbach .Sur le Grand air d’Orphée « J’ai perdu mon Eurydice », Marmotte pleure la perte de son Innendiest (billet qui reconnaissait à une malade le droit de rester au Block). Et sur une chanson d’amour interprétée par Tino Rossi, au rythme de tango, Rosine attend le cri annonçant la fin du travail : «A chaque bruit mon cœur bat ça ne schloussera donc pas ». Le mélange des registres et le jeu du rapport texte / musique refuse le pathétique : on rit en ayant envie de pleurer. Etre capable de rire de soi-même, envers et contre tout, est une manière de lutter contre le désespoir. C’est aussi une ultime revanche de l’esprit sur la brutalité et la barbarie.
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PROCHAINS CONCERTS
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Musique irlandaise
Trio « L’échappée belle » Orchestre Symphonique GRADUS AD MUSICAM Direction : François LEGÉE Samedi 6 juin 2015 à 20h30
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