La Gazette du GAM
N° 114 - juin 2021

L'HYMNE A L'AMOUR

MOZART SCHUBERT WAGNER

A

vec la douce présence de la clarinette comme fil conducteur, ce programme nous mènera vers plusieurs représentations de l’amour en musique et nous permettra de découvrir de jeunes solistes talentueuses : la soprano Soizic Carret, la mezzo-soprano Violaine Manfrin et la clarinettiste Noémie Lapierre. Nous pourrons y écouter encore une fois le Concerto pour clarinette, l’une des merveilles mozartiennes les plus envoûtantes. En 1828, sur son lit de mort, Schubert compose Le pâtre sur le rocher, pour soprano, piano et clarinette, un de ses plus beaux Lieder, qui exprime un large éventail de sentiments romantiques. C'est 30 ans plus tard que Wagner compose le cycle des Wesendonck - Lieder sur 5 poèmes écrits par Mathilde Wesendonck, pour qui il éprouve une passion. En plein travail sur son opéra Tristan et Isolde, son amour entre en résonance avec le mythe. Il n'est donc pas étonnant d'entendre des correspondances thématiques et harmoniques entre le cycle des Lieder et l'opéra.

 

Psyché et l'Amour François Gerard(salon de 1798)

Orchestre symphonique GRADUS AD MUSICAM

Direction Aurélien POUZET-ROBERT

Samedi 3 juillet 2021 à 20h
Salle Poirel Nancy

 

Tarifs (frais de location inclus) :

  • 1ère catégorie : Tarif plein 22 euros
    Orchestre et 1er rang de balcon
  • 2ème catégorie : Tarif plein 19 euros
    Balcon
  • Tarif réduit toutes catégories : 17 euros
    Le tarif réduit est applicable pour les chômeurs et les groupes à partir de 10 personnes
  • Lycéens / étudiant : 6 euros (jusque 26 ans) - Gratuit pour les moins de 16 ans

Billetterie à l'entrée du concert

Renseignements :

Gradus Ad Musicam

Mél. : gam@gradus-ad-musicam.com
Tél. : 03 83 21 09 19

Réservations :

Salle Poirel

Mél. : poirel@nancy.fr
Tél. : 03 83 32 31 25

Billetweb


Un bon plan : le pass culture

Protocole sanitaire mis en place par la salle Poirel : cliquez ici



MOZART et la clarinette, une histoire d'amour

E

n 1791, à trente-cinq ans, Mozart rendait l'âme, après une vie ardemment, intensément, amoureusement consacrée à la musique.  Juste avant de mourir, il composa sa dernière œuvre, le fameux Requiem, mais aussi le Concerto pour clarinette. Il n'avait que 35 ans.

S’il est connu que Mozart détestait la flûte traversière, il est tout aussi notoire qu’il adorait la clarinette, instrument alors encore peu répandu : l'Encyclopédie de Diderot (1751-1780) définit laconiquement la clarinette comme une « sorte de hautbois » et renvoie simplement à l'entrée « hautbois ».

Entre Mozart et la clarinette, c’est une histoire d’amour qui naît le jour où le compositeur découvre l’usage que fait l’Orchestre de Mannheim de cet instrument, récemment intégré à son pupitre d’instruments à vent. « Si seulement nous avions aussi des clarinettes ! Vous ne pouvez pas imaginer la sonorité ainsi produite dans une symphonie par le mélange des flûtes, hautbois et clarinettes », écrit Wolfgang à son père le 3 décembre 1778.

Quelques années plus tard vient la rencontre décisive avec Anton Stadler, qui joue de la clarinette (mais aussi du cor de basset). Commence alors une amitié qu’on peut qualifier de spirituelle, Mozart et Stadler étant frères au sein de la même loge maçonnique. Dans l’esprit de Mozart, la clarinette va devenir l’instrument de la fraternité, telle qu’il l’illustre par exemple dans l’orchestre de La Flûte enchantée ou encore dans l’air « Parto, ma tu ben mio » chanté par Sesto dans La Clémence de Titus.

De fait, Mozart recourt de plus en plus à cet instrument. Il l’intègre dans tous ses opéras à partir d’Idoménée (1780-81), dans les symphonies 31, 35, 39 et 40 et les concertos pour pianos 22, 23 et 24. Mais il est surtout un des premiers compositeurs à l’utiliser autant en musique de chambre: trois sérénades pour vents, un quintette pour vents et piano, le trio avec alto et piano dit « des quilles », le fameux concerto K 622 et, bien sûr aussi, le quintette K 581 dit « quintette Stadler » .

Le concerto pour clarinette & orchestre

M

OZART écrivit le Concerto pour clarinette en la majeur au début de l'automne de l'année 1991, quelques mois avant sa mort.

Des quarante-trois concertos pour soliste qu'écrivit Mozart, celui-ci fut le dernier, et également le seul qu'il composa pour clarinette, un instrument qui était à cette époque nouveau et encore en pleine évolution. Il s'agit de l'un des morceaux de Mozart les plus souvent interprétés, et il est considéré comme un incontournable de la clarinette. Il est, de fait, très célèbre, notamment son mouvement lent Adagio, qui a été souvent utilisé comme musique de film, - notamment dans A bout de souffle de Jean-Luc Godard et Out of Africa de Sydney Pollack.

Le Concerto pour clarinette fut en réalité composé pour la clarinette de basset, instrument inventé pour Anton Stadler par Theodor Lotz ; le manuscrit ayant disparu, c’est la plupart du temps la partition publiée en 1801 par l’éditeur André qui est utilisée, dans laquelle la partie de clarinette de basset est adaptée à la clarinette.
Le Concerto pour clarinette fut joué pour la première fois en public à Prague, le 16 octobre 1791, avec Stadler à la clarinette ; la critique fut globalement élogieuse. Certains louèrent la performance de Stadler. Ainsi, le Musikalisches Wochenblatt écrivit en janvier 1792 : « Herr Stadler, clarinettiste de Vienne. Un homme de grand talent et reconnu comme tel à la cour. Son jeu est merveilleux et porte témoignage de son assurance. » Mais d'autres en revanche critiquèrent Mozart d'avoir composé une pièce pour une clarinette trafiquée dont Stadler était probablement le seul interprète. Ils étaient manifestement loin de se douter que deux siècles plus tard, tous les clarinettistes du monde se feraient un plaisir de jouer cette œuvre, merveille de quiétude et de délicatesse.

 



Franz SCHUBERT
1797-1828

N

é à Vienne le 31 janvier 1797, mort dans cette même ville le 19 novembre 1828, Franz SCHUBERT, fils d'un instituteur qui l'initia très tôt à la musique, manifesta des dons précoces. En 1808, il entre comme choriste à la chapelle impériale de Vienne et devient l'élève d'Antonio Salieri, directeur de la musique à la cour. Il commença alors à composer des quatuors à corde, des ouvertures et des pièces pour piano. Ensuite, il se perfectionna auprès d'Antonio Salieri. C'est en 1813, à 16 ans, que cet admirateur de Mozart écrit sa première symphonie, suivie en 1814 d'une Messe en fa majeur et de plusieurs lieder, parmi lesquels le magnifique Marguerite au rouet. L'année suivante, il compose deux autres symphonies et des messes, mais aussi cent-quarante-six lieder, dont Le roi des aulnes, et il s'initie à la musique de chambre ainsi qu'à l'opéra. Sa fameuse mélodie la Truite date de 1817, et en 1822, il écrit une Grande messe en la bémol ainsi que sa célèbre Symphonie nº 8 en si mineur, dite « Inachevée ». La même année, il contracte la syphilis et son œuvre est désormais centrée sur la mort, un thème qui le hante déjà depuis quelques années. Les chefs-d'œuvre Le voyage en hiver de 1828 et le sublime quatuor La jeune fille et la mort de 1826 en sont des témoignages. Les derniers mois de sa vie furent marqués par une série d'échecs et une grande amertume. Miné par la syphilis, il s'éteint à l'âge de 31 ans.

Méconnu en tant que compositeur par ses contemporains, pratiquement jamais joué, très peu édité, Il n'en laisse pas moins à sa mort une œuvre immense et diverse (998 numéros) qui constitue l'un des sommets du romantisme allemand : plus de 600 lieder, 9 symphonies, dont seulement 7 achevées, une abondante musique de chambre, des messes et des opéras, ces derniers totalement oubliés aujourd'hui. Nul autant que lui ne fut le musicien de "l'inachevé", élevant cette catégorie jusqu'au mythe esthétique. Libre de toute contrainte, dégagé de toute fonction servile (il est le premier musicien à n'avoir pour unique statut que celui de compositeur), il bouscule les formes musicales, impose des œuvres brèves nées de l'instant-improvisation.

Le pâtre sur le rocher
Lied romantique

D

er Hirt auf dem Felsen (Le pâtre sur le rocher) est un célèbre Lied-poème germanique, d'un romantisme éperdu, pour soprano & accompagnement à la clarinette et au piano, composé par Franz Schubert sur deux poèmes de Wilhelm Müller et un poème de Karl August Varnhagen von Ense. Schubert compose ce grand Lied sombre et romantique sur son lit de mort, à Vienne, chez son frère Ferdinand Schubert, en automne 1828, âgé de 31 ans, rongé par la maladie, en réponse tardive à une commande de sa grande amie la cantatrice viennoise Anna Milder-Hauptmann. Celle-ci lui avait demandé une grande aria qui lui permette d'exprimer un large éventail de sentiments romantiques. Cette œuvre fut publiée à titre posthume un an après sa disparition prématurée à l'âge de 31 ans.

Pauline_Anna_Milder-Hauptmann en 1818

Le Lied comprend trois sections, inspirées des ioules de chants montagnards folkloriques autrichiens, qui mettent la soprano à rude épreuve.
La première section est heureuse lorsque le berger solitaire, juché sur le sommet de la montagne, écoute les échos montant d'en-dessous.
La deuxième section devient sombre lorsque le berger exprime son amour perdu lointain, son profond désespoir tragique, son isolement, et sa solitude.
La troisième et dernière section fait jaillir une lueur d'espoir merveilleux de vie d'après, du ciel, et du printemps.

Pauline_Anna_Milder-Hauptmann en 1818
 



Richard & Mathilde

E

n 1857, Wagner a un grand projet qui le hante : écrire un opéra sur la légende de Tristan et Yseult. Devenu célèbre grâce à Liszt qui continue de faire jouer ses œuvres en Allemagne, Wagner reçoit le soutien de nombreux mécènes, dont Otto Wesendonck, riche industriel. S’installe alors chez lui le chef d’orchestre Hans von Bulow et sa toute jeune femme, Cosima, la fille de Franz Liszt… qui quittera bientôt son mari pour Wagner. Mais en attendant, ce dernier éprouve un violent coup de foudre pour… Mathilde Wesendonck, la femme de son mécène, lequel est alors en déplacement aux Etats-Unis. Mathilde écrit alors cinq poèmes pour Wagner, qui les met en musique.

C’est l’une des rares occasions où Wagner compose sur un texte qu’il n’a pas écrit lui-même. L’un de ses projets était de faire jouer le dernier Lied du cycle, « Träume » sous les fenêtres de Mathilde pour son anniversaire, en décembre 1857. Mais il faudra attendre le 30 juillet 1862 pour que le cycle pour piano et soprano soit chanté intégralement pour la première fois en public avec comme titre Cinq lieder pour voix de femme. Deux ans plus tard, la crise des couples Wagner et Wesendonck éclate. Wagner rompt avec Mathilde. La passion éteinte, reste la musique.

Wesendonck-Lieder

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es Wesendonck-Lieder sont un cycle de cinq Lieder composé par Richard Wagner au moment où il travaillait à son opéra Tristan et Yseult, en 1857-1858. Le cycle est écrit sur des poèmes de Mathilde Wesendonck, la femme d'un des mécènes de Wagner. Wagner eut une passion pour Mathilde, et c'est ainsi qu'il mit en musique les poèmes que celle-ci avait écrits. Influencés par le style romantique en vogue au début du XIXe siècle, ces textes ont pour thèmes dominants l’exaltation de la nature, la nuit, la douleur, l’amour. Des cinq poèmes donnés par celle qu’il nommait « sa page blanche » et dont deux contiennent les premières esquisses de Tristan und Isolde (Traüme au deuxième acte et Im Treibhaus, introduction du troisième), Richard Wagner lui confiait dans une lettre du 9 octobre 1858 : « je n’ai jamais rien fait de meilleur que ces Lieder et bien peu de mes œuvres pourront seulement les égaler ».